Métiers d’Art en Franche-Comté : fédérer et promouvoir !

Depuis sa création, en 1990, Métiers d’Art en Franche-Comté est un organisme fédérateur, vivant et actif, existant grâce à l’engagement et au travail de ses membres. Jeanne-Antide Sulter, sa Présidente, répond à nos questions.

Jeanne-Antide Sulter ©

Jeanne-Antide Sulter ©

« Pouvez-vous nous présenter l’histoire et l’activité de votre association ?

MAFC (NDLR : Métiers d’Art en Franche-Comté) est né en 1990 à Besançon  de la volonté de fédérer les professionnels métiers d’art et d’assurer la promotion de leur activité sur le territoire. Soutenue par le Conseil Régional, l’association compte à ce jour 70 adhérents qui en signent la charte.

Elle agit dans plusieurs domaines : l’aide à la commercialisation, à la communication et à la formation. Elle a créé et gère également le site, dont la nouvelle version a été mise en ligne au mois d’octobre dernier. C’est une boutique collective de créations artisanales, ouverte à tous les professionnels métiers d’art français, un portail dédié à l’actualité des métiers d’art et à la mise en valeur des savoir-faire.

Que représente ce rendez-vous annuel des Journées européennes des métiers d’art pour le secteur des métiers d’art en Franche-Comté ?

C’est une opportunité pour les professionnels, souvent  regroupés par secteurs géographiques, de montrer au grand public leur savoir-faire et leurs créations.  En se rendant dans les écoles et les collèges pour faire part aux plus jeunes de leur formation, expériences et parcours, leur but est aussi d’éveiller la curiosité, l’intérêt et, peut-être, de susciter des vocations !

Vous êtes vous-même artisan : quel regard portez-vous sur la thématique de cette année ?

Le thème est parfaitement adapté au travail des artisans métiers d’art. Le temps intervient à toutes les étapes de fabrication de l’objet, même en amont de la création. Si l’artisan semble en être le maître et en quelque sorte « hors du temps », il reste néanmoins bien ancré dans ce dernier, et confronté comme ses concitoyens à sa course.
C’est une thématique difficile à mettre en scène sur des  manifestations ponctuelles et très diversifiées, mais très intéressante.

Avez-vous des attentes spécifiques pour cette édition 2014 des JEMA ?

En temps que Présidente d’une association porteuse de valeurs de professionnalisme, je souhaite que ces journées en soient le véritable reflet. Il faut que le message transmis par ses acteurs et perçu par le public soit clair. Ces activités sont le plus souvent nées d’une réelle passion et restent marquées par la personnalité des individus qui les exercent. Parfois rares, ce sont de véritables métiers. »

De la cuisine à la céramique : Olivier Ruaud et Alice Urien, céramistes par passion

« Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

L’atelier a commencé en 2004. Nous sommes céramistes : je suis autodidacte, mais Alice a suivi une formation longue : d’abord un bac de céramique, puis un BTS à l’école Olivier de Serres, et enfin une formation en céramique au CNIFOP (NDLR : Centre international de Formation aux Métiers d’Art et de la Céramique) comprenant une spécialisation de 9 mois sur la recherche d’émaux. J’ai moi aussi suivi cette formation.

Olivier Ruaud & Alice Urien ©

Olivier Ruaud & Alice Urien ©

Comment fonctionnez-vous ? Vos œuvres sont-elles des co-créations ?

Nous travaillons indépendamment l’un de l’autre, sauf quelques pièces que nous travaillons à deux.

Racontez-nous : comment en êtes-vous arrivé à vous spécialiser dans la céramique ?

J’ai commencé à m’intéresser à la céramique lorsque j’étais chef de cuisine. J’ai commandé des assiettes au père d’un de mes apprentis, qui était potier. Il m’a répondu : « C’est d’accord, mais tu viens m’aider ! » Ça a été mon premier contact avec la terre.

Ça a été un cheminement, puis en 2000, j’ai décidé d’arrêter mon activité de restaurateur pour me consacrer entièrement à la céramique. À ce moment-là, Alice était en fin de formation : 4 ans plus tard, on créait l’atelier.

Alice Urien ©

Alice Urien ©

Les Journées européennes des métiers d’art sont désormais un rendez-vous annuel attendu : que représentent ces Journées pour vous ?

Nous avons Alice et moi participé à toute les éditions depuis leur création : c’est l’occasion d’ouvrir l’atelier, de proposer des animations, de montrer comment on travaille les pièces, comment on les cuit…

C’est aussi l’occasion de revenir sur la différence qu’il y a entre pratiquer un loisir créatif et être professionnel. C’est toujours enrichissant.

mains & merveilles 2011

Le temps de la création, ou « slow-made », est cette année à l’honneur. Quel regard portez-vous sur cette notion dans votre activité ?

Si je replace la question dans le contexte qui est le mien, je dirai que le milieu de la restauration, dont je suis issu, induit beaucoup de stress, avec deux coups de feu par jour… C’est un tout autre rythme. Les métiers d’art ont de commun qu’ils nécessitent du temps. Celui que j’ai maintenant. On est obligé de prendre le temps, parce que travailler la terre réclame de la réflexion et de la patience.

Si on se dit « il faut que cette pièce soit prête la semaine prochaine », on est sûr de rater. Il faut aussi savoir travailler la terre, la modeler puis la laisser reposer pour lui donner le temps de sécher, de se repose avant d’y revenir, de la retravailler. Il faut environ 15 jours à trois semaines pour réaliser une sculpture ou une pièce en peu complexe, et je ne parle que du temps écoulé entre le bloc de terre pur et la forme achevée, sans compter les étapes de cuisson, d’émaillage et de recuisson !

Nos métiers ont cette spécificité d’être de vieux métiers. Ce sont toujours les mêmes gestes depuis parfois des millénaires, que nous répétons, qu’il faut apprendre, acquérir et maîtriser. Cela aussi exige du temps. »

La Couveuse : dispositif innovant au service des métiers d’art en Corse

Marie-Florence Dabrin est coordinatrice régionale de La Couveuse des entreprises de Corse, un dispositif régional créé en 2003 qui permet aux porteurs de projets de tester la fiabilité de leur entreprise : elle répond à nos questions.

Marie-Florence Dabrin ©

Marie-Florence Dabrin ©

« Pouvez-vous nous présenter le dispositif de la Couveuse et votre rôle au sein de ce dernier ?

Le dispositif de couveuse d’entreprises à l’essai est né en Corse en 2003, fruit de l’observation et de l’expérimentation locale, aux cotés des dispositifs traditionnels d’accompagnement à la création d’entreprise qui permettent une préparation technique, commerciale et financière des projets, mais n’offre pas de réponse spécifique aux futurs créateurs d’entreprises dans leurs besoins de préparation et de formation au métier de chef d’entreprise.

Il manquait en quelque sorte une « phase intermédiaire » permettant à tout candidat à la création d’entreprise de tester son activité in situ pour se familiariser avec la réalité du statut d’entrepreneur, se confronter à la réalité économique et financière de l’entrepreneuriat, mesurer ses propres aptitudes pour devenir chef d’entreprise et surtout leur laisser du temps pour produire avant de se lancer.

Les couveuses accompagnent les entrepreneurs pour répondre aux mieux à leurs besoins en leur permettant de :

–          Tester le projet grandeur réelle afin d’en vérifier la faisabilité et la viabilité économique,

–          Apprendre à entreprendre pour développer ses capacités entrepreneuriales.

Tester son activité en couveuse permet donc de valider son projet de création d’activité en toute sécurité.

Les couveuses mettent donc en œuvre des méthodes, des outils, une pédagogie, un coaching individuel et collectif pour :

–          Garantir un niveau de chiffre d’affaires à la création,

–          Acquérir de l’autonomie en matière de gestion d’entreprises, de prise de décisions… etc.

–          Créer et développer un réseau professionnel

Quelles sont les possibilités offertes par La couveuse pour les entreprises d’artisanat d’art ?

Les artisans d’art et plus généralement les professionnels des métiers d’arts engagés dans des  réflexions liées à la création d’entreprise présentent des caractéristiques particulières : une implication personnelle forte qui nécessite une écoute, primordiale dans ces phases amont du montage de projet, une dimension technologique des projets qui requiert un effort important d’évaluation, et une dimension économique souvent délaissée, à introduire progressivement. Ces particularités nécessitent notamment des modalités d’approches et de diagnostics de projets plus approfondis.

Dans ce cadre, les réponses apportées par la couveuse sont liées à la qualité de l’accompagnement qui permet une prise en compte plus importante des aspects humains dans l’aide au montage de projet. Elle devient alors un outil idéal pour l’apprentissage progressif de tous les aspects liés à l’organisation et à la gestion de l’activité ainsi que pour confronter une production souvent inédite aux réalités du marché.

Pouvez-vous nous présenter quelques actions portées tout au long de l’année auprès des professionnels des métiers d’art ?

Pour compléter ces services habituels offerts par la couveuse et face aux besoins exprimés des artisans d’art quant à la mise en réseau au sein de leur filière et d’appui dans leur circuit de diffusion,  des réponses adaptées sont mises en place comme la création d’un espace dédié aux créateurs sur le site internet de la structure, l’organisation de rencontres professionnelles avec des acteurs du secteur (ex : gérant d’une galerie, responsable d’un syndicat…), la mise en place d’ateliers thématiques (ex : mécénat culturel, financement dédié aux métiers de la création, propriété intellectuelle…), temps d’échanges entre entrepreneurs à l’essai.

Mais aussi, en lien avec notre union nationale, la mise en ligne des créateurs sur un espace dédié du site marchand DAWANDA, des actions de tutorat dans le cadre de conventions de parrainage, l’organisation d’événements spécifiques, la possibilité de participer de façon mutualisée et gratuite aux foires régionales artisanales et agricoles régionales de corse, aux marchés de créateurs… etc. D’une manière générale nous essayons de  mettre en œuvre toute action qui permette une meilleure immersion du créateur face aux réalités professionnelles de son secteur, une rupture de l’isolement propre à des activités qui s’exercent souvent en solo, une optimisation du développement économique de l’activité qui passe souvent par des circuits complexes.

Quelle importance revêt à vos yeux l’existence d’une manifestation telle que les Journées européennes des métiers d’art à échelle de la région ?

Synonyme d’excellence, d’art de vivre  et d’innovation, les métiers d’art sont au cœur du patrimoine insulaire. Or, ces journées organisées régionalement revêtent l’objectif  de transmettre des savoir-faire, le gout pour l’art et la tradition. Elles sont l’occasion de faire découvrir au grand public et notamment aux plus jeunes, un secteur animé par des professionnels de talent qui  font évoluer avec passion ces métiers méconnus parfois  même oubliés et, de faire revivre ces métiers patrimoniaux, de les rendre attractifs et ce, dans un cadre ludique mêlant expositions, rencontres et démonstrations. L’ouverture des ateliers, notamment dans les zones rurales, devrait permettre de concentrer l’attention du public sur des savoirs faire qui ont besoin d’être préservés, voire encouragés.  Cela est encore plus vrai dans notre région, ou toute initiative qui permet de valoriser  une  économie patrimoniale et identitaire peut être porteuse d’une autre forme d’économie plus sociale et solidaire. »

Didier Mutel, graveur d’art taille-doucier en Franche-Comté

« Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Je suis graveur, principalement graveur en taille douce, c’est-à-dire sur métal, et spécialisé dans la gravure en creux – une technique qui a plus de 500 ans ! J’ai créé mon premier atelier en 91, et j’en ai créé par la suite plusieurs autres – ou peut-être est-ce le même qui a évolué au cours des ans !

En 2008, mon maître d’art Pierre Lallier, m’a transmis une partie de son matériel. J’ai alors commencé à chercher un local, que j’ai trouvé en 2009 à Orchamps, dans le Jura – j’aurais souhaité rester à Paris, mais le choix de la province s’est imposé pour des raisons économiques… Finalement, mon atelier et celui que mon maître d’art m’a transmis rouvriront au printemps de cette année ! Cette réouverture est réellement une bonne nouvelle : des ateliers ferment en masse, que l’inverse se produise n’est pas si fréquent et mérite d’être célébré ! Qui plus est, c’est un espace historique : créé en 1793 pendant la Révolution française, il sera tout de même resté de 1793 à 2008 à Paris, pour continuer d’exister dans un nouvel espace…

Didier Mutel, 2014, © Gilles Leimdorfer

Didier Mutel, © Gilles Leimdorfer

Racontez-nous votre parcours : comment devient-on graveur ?

C’est une histoire au long court ! Il m’a fallu 11 ans pour être formé : je suis entré à l’âge de 15 ans à l’Ecole Estienne, où je suis resté 5 ans, avant d’intégrer l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris où je suis resté 2 ans. J’ai ensuite eu besoin de me former à l’impression et j’ai pour se faire intégré l’Atelier National de Création Typographique à l’imprimerie Nationale. Enfin, j’ai passé deux ans auprès de mon maître d’art.

Après mes études, j’ai été pensionnaire à la Villa Médicis à Rome de 1997 à 1999 : c’était une expérience formidable !

Didier Mutel, © Gilles Leimdorfer

Didier Mutel, © Gilles Leimdorfer

Pratiquer un métier comme le mien est un vrai bonheur, un prétexte à vivre des aventures extraordinaires ! Nous avons la chance de vivre des histoires comme celle de la réouverture d’un atelier vieux de plus de 200 ans et elles doivent être racontées ! Bientôt, les visiteurs pourront découvrir une exposition qui rendra hommage à cette longue histoire, à travers le travail croisé de Pierre Lallier et du mien. C’est important que lui soit présent dans ce nouvel espace : c’est avant tout un récit de transmission que nous tissons !

Que représentent pour vous les Journées Européennes des Métiers d’Art ? Avez-vous des attentes particulières pour cette édition 2014 ? 

Dans nos métiers, nous vivons une période de transition, qui pose des questions précises auxquelles les ateliers se doivent de répondre. Le secteur est en crise depuis 1991, et les ateliers doivent constamment se réadapter à de nouvelles contraintes qui nous forcent à nous repositionner. Au sens propre comme au figuré, j’ai personnellement vécu ce repositionnement à travers le déménagement de l’atelier.

Didier Mutel ©Gilles Leimdorfer

Didier Mutel ©Gilles Leimdorfer

Pendant très longtemps, les ateliers étaient des endroits fermés, confidentiels, réservés à quelques connaisseurs. Quand mon maître d’art tenait son atelier, lui n’avait pas besoin d’aller à la rencontre du public : il se devait d’être là, et les gens venaient : ça a changé. Nous avons aujourd’hui besoin d’ouvrir nos ateliers, de communiquer nos besoins, de partager nos expériences avec le public. La convivialité est un enjeu central ! Le fait d’ouvrir ponctuellement, de partager sur un temps défini ce qui constitue l’essence de notre activité s’inscrit parfaitement dans cette dynamique d’ouverture et de communication : c’est ce que permettent les Journées Européennes des Métiers d’Art.

Le temps de la création, honneur. Quel regard portez-vous sur cette thématique

Si je reprends quelques dates : pour se former, il faut 10 ans, pour transmettre un atelier, il en faut 20. On s’inscrit par essence sur de longues périodes. Mais parallèlement, nous évoluons dans une société de l’immédiateté, de l’instantané, avec Internet, les portables… Ce n’est pas antinomique, mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en pénétrant dans les ateliers, on entre dans une autre temporalité, qui est aussi une culture, porteuse de valeurs qui sont nécessaires.

Didier Mutel, © Gilles Leimdorfer

Didier Mutel, © Gilles Leimdorfer

Il y a des dénominateurs communs dans nos métiers : un humanisme, une exigence, un sens de la précision qu’on retrouve partout, et dont les métiers d’art ne peuvent se départir. Il faut aussi garder à l’esprit qu’on croit tous en ce qu’on fait, on aime tous nos métiers. Et les notions de temps partagé, de générosité sont absolument centrales. »

Aquitaine : valoriser la restauration de monuments historiques par l’artisanat d’art

Marielle Poudou est chargée de mission à la Délégation régionale Aquitaine de la Fondation du patrimoine. Avec Francis Arnaud, Délégué régional, et Claude Jean, Délégué régional adjoint, elle coordonne un projet de rassemblement d’artisans d’art sur la place des Quinconces à Bordeaux. Elle nous présente leur action.

Marielle Poudou © 2014

Marielle Poudou © 2014

«  Pouvez-vous nous présenter cette initiative ?

Il y a quelques mois, la Fondation du patrimoine et la société Célize ont remis le premier Grand prix de l’habillage urbain à la ville de Bordeaux pour le projet de restauration  des colonnes rostrales de la place des Quinconces.

Colonnes rostrales, © P. Della Libera Mairie de Bordeaux

Colonnes rostrales, © P. Della Libera Mairie de Bordeaux

Les Journées européennes des métiers d’art 2014 sont une formidable opportunité d’annoncer cette restauration et de réunir le public au pied de ce monument emblématique et de faire découvrir les artisans talentueux.

Le Village des Métiers d’art rassemblera une dizaine d’artisans, dont certains prennent régulièrement part aux chantiers soutenus par la Fondation du patrimoine, à l’instar de l’entreprise TMH spécialiste dans la restauration de monuments historiques ou de la Fonderie des cyclopes. On retrouvera aussi l’atelier Bernard Fournier, maître-verrier ; l’entreprise Lionel Fernandes, sculpteur ornemaniste ; Caroline Pouëdras, restauratrice de piano ; Fabrice Garnier, ébéniste ; l’association L’outil en main, qui initie les 9-14 ans aux métiers manuels ; L’atelier La Pyramide, spécialisé dans la restauration de céramique ; l’atelier des Renaissances, consacré à la restauration d’œuvres peintes, de cadres et dorures ; et Sièges and Co, gainier et tapissier d’ameublement.

faire pour leur permettre de mieux appréhender art, et des ateliers pour artisanat.

Nous travaillons actuellement sur le programme des temps forts de ces
journées.

À travers quelles autres actions la Fondation du Patrimoine s’implique-t-elle dans le secteur de l’artisanat d’art, en Aquitaine ? 

Au niveau national, la Fondation du patrimoine a créé, l’année dernière, un fond spécifique dédié à la valorisation des métiers du patrimoine. Grâce à ce fond, nous souhaitons sensibiliser le public et tout particulièrement les jeunes à la valeur de ces métiers porteurs de sens et directement reliés au secteur de l’économie, soutenir la formation, encourager les entreprises à transmettre leurs savoir-faire et à former de nouveaux talents.

En Aquitaine, nous communiquerons justement pendant les Journées européennes des métiers d’art sur l’existence de ce fond afin d’encourager les initiatives locales.

Quelle importance revêt l’existence d’une manifestation telle que les Journées européennes des métiers d’art ?

Les JEMA sont une belle opportunité pour offrir de la visibilité aux artisans et faire découvrir au public des métiers d’exception en les rendant accessibles. Ces professionnels doivent être encouragés, la Fondation du patrimoine Aquitaine souhaite y contribuer en s’impliquant dans l’organisation de cet évènement.

Le projet que nous portons a été très bien accueilli par notre siège, mais aussi par les partenaires régionaux de ces Journées et par les artisans ravis de pouvoir se regrouper sur un site au cœur de Bordeaux. Nous donnons dès à présent rendez-vous au public les 5 et 6 avril sur la place des Quinconces ! » 

François Jaillette : du tournage à la restauration, le respect de l’objet comme dénominateur commun

« Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Mon activité consiste à restaurer et à conserver les céramiques d’art, soit tout ce qui est terre et qui a subi une cuisson. Cela regroupe les porcelaines, les faïences, les terre-cuites, les grès…

Je suis installé depuis 1985 en tant qu’artisan : je restaure donc les collections des particuliers, mais aussi  pour les marchands. J’ai débuté mon activité à Evreux avant de m’établir en 1995 à Acquigny, où je suis toujours. J’ai travaillé pour les collections des musées d’Evreux, de Bernay, de Vernon, du Château de Martainville…

François Jaillette  © 2013

François Jaillette © 2013

Racontez-nous : comment devient-on restaurateur de céramique d’art ? 

Meilleur Ouvrier de France en 1997, j’ai commencé par un CAP de céramiste mouleur-tourneur avant d’entrer à la Manufacture Nationale de Sèvres, sur concours. J’y suis resté trois ans et j’y ai fait un apprentissage de tourneur porcelaine, avant de me réorienter vers la restauration. Ce sont des métiers différents mais entre lesquels il existe des liens. Le fait de « savoir fabriquer » aide à la restauration : on connaît les gestes qui ont abouti à la création de l’objet. C’est la méthode qui est différente. On utilise des matériaux autres, et surtout, on travaille à froid, pas de cuisson. L’objet ne doit jamais être altéré par les interventions du restaurateur. C’est une règle d’or. Aussi, chaque restauration doit être réversible dans le temps afin de transmettre aux générations futures des objets en bon état de conservation.

Avant collage, François Jaillette  © 2013

Avant collage, François Jaillette © 2013

 

Objet après restauration, François Jaillette  © 2013

Objet après restauration, François Jaillette © 2013

Que représente pour vous ce rendez-vous annuel des Journées Européennes des Métiers d’Art ? Avez-vous des attentes particulières pour cette édition 2014 ?

Cela fait 3 ans que je participe aux JEMA et je considère que c’est encore le début ! Quand on est prestataire de services comme je le suis, la sensibilisation du grand public nécessite encore plus de temps et d’effort : « concrètement », nous n’avons rien à vendre aux visiteurs… De cette édition, j’espère donc une nouvelle fois aller à la rencontre du grand public et faire découvrir ou faire mieux connaître mon métier – ce que je fais déjà depuis 1985 en participant ou en organisant des expositions.

Les JEMA me permettent, au-delà de l’objectif commercial, de militer pour la reconnaissance de nos métiers. C’est tout l’intérêt d’être présent : faire savoir qu’on existe, qu’on est là. Même s’il reste un travail de communication de terrain à faire pour encourager les visites d’atelier, les Journées Européennes des Métiers d’arts bénéficient d’un support médiatique important. Elles permettent d’aller vers la reconnaissance de ces métiers, qui méritent d’être mieux connus.

Le temps de la création, ou « slow-made », est cette année à l’honneur. Quel regard portez-vous sur cette notion dans votre activité ?

De mon point de vue, je ne parlerai pas de « temps de la création », puisque le but du restaurateur est « d’effacer » en quelque sorte  son travail, d’être constamment dans le respect total de l’objet. Par définition, il ne peut y avoir de création dans le processus de restauration. Mais pour ce qui est du temps, oui, bien sûr qu’il est nécessaire ! Idéalement, il faudrait prendre le temps, mais encore une fois ce n’est pas chose aisée dans nos métiers. Travailler pour des antiquaires, pour des privés, exige de se plier à des contraintes économiques, qui passent bien souvent avant les considérations de temps. Or, la restauration est un travail minutieux, qui réclame un profond respect de l’objet. Le temps est donc nécessaire. Il faut aller dans cette direction ! » 

Quels soutiens aux métiers d’art du marais poitevin au littoral Atlantique : le mot de Corinne Guilloton

Corinne Guilloton © 2014

Corinne Guilloton © 2014

La Chambre des Métiers de l’artisanat de Vendée soutient activement l’artisanat d’art à travers des actions mises en place pour les JEMA, mais aussi tout au long de l’année. Corinne Guilloton, Collaboratrice Communication Chargée des Métiers d’art, s’exprime sur le sujet.

« Pouvez-vous nous présenter les missions du pôle Métiers d’art à la Chambre des Métiers de l’artisanat de Vendée ? Quelles sont les dispositifs mis en place par la CMA auprès des professionnels et futurs professionnels de l’artisanat d’art ?

Ma première mission est de gérer un fichier de professionnels métiers d’art, en lien avec la Mission Régionale. Les professionnels inscrits sont admis sur dossier agréé par la Mission. Pour obtenir ce statut de professionnel Métiers d’Art, il y a une condition : il faut exercer un métier de la nomenclature à titre principal ! 370 entreprises sont actuellement référencées en Vendée et représentent 18,80 % du total régional, le poids régional de l’artisanat vendéen étant de 23 %. Il faut noter que tous les statuts sont pris en compte, y compris celui d’auto-entrepreneur.

Une autre de mes missions est d’apporter un soutien à la commercialisation des professionnels, à travers la mise en place de différentes actions. D’une part, nous sommes présents dans les comités d’organisation et de sélection des manifestations métiers d’art. D’autre part, nous apportons une information suivie aux professionnels, qui porte sur les opportunités de participer à ces manifestations. Nous veillons par ailleurs à apporter un soutien à l’export, en informant et en préparant les professionnels.

Une autre de nos actions est la sensibilisation des professionnels à la commercialisation : cela passe notamment par l’incitation à se former. À titre d’exemple, nous proposons des formations telles que : « Trouver mes clients et les fidéliser », « Réussir sa participation à un salon », « Vendre son savoir-faire patrimoine », « Optimiser son offre touristique »…

La dernière de mes missions est de participer au développement des territoires. Cela passe par l’accompagnement des actions-projets-évènements Métiers d’Art d’envergure régionale, comme Sallertaine (Ville et Métiers d’Art ), les Journées au domaine de Chaligny, les marchés d’été aux Sables d’Olonne… L’un de nos travaux en cours est la mise en place d’un circuit touristique Métiers d’Art en Vendée, en lien avec la plateforme Internet de la Mission qui établira un lien entre zones géographiques et métiers d’art.

Quelle importance revêt l’existence d’une manifestation telle que les Journées européennes des métiers d’art ? 

Cet évènement qui aura pour thème cette année « Le temps de la création » a été imaginé pour promouvoir les valeurs fortes des métiers d’art, au travers de leur richesse et de leur diversité ainsi que pour valoriser le savoir-faire, auprès du grand public. Ce secteur, à forte valeur ajoutée et au poids économique très important, vit grâce aux professionnels de talent qui l’animent et le font évoluer avec passion. Les JEMA sont une véritable opportunité pour participer à un évènement national, mais aussi pour se faire connaître du grand public et par conséquent de futurs clients et prescripteurs. C’est aussi l’opportunité de se développer économiquement, d’améliorer la visibilité et la notoriété des métiers d’art grâce à la communication mise en œuvre, et d’échanger et partager avec les visiteurs. » 

Les Pays de la Loire engagés pour les Métiers d’art : le mot de Christophe Delaunay

Christophe Delaunay ©, 2014

Christophe Delaunay ©, 2014

Christophe Delaunay, de la Chambre Régionale de Métiers et de l’artisanat des Pays de la Loire, est directeur de la Mission « Pays de la Loire – Métiers d’Art ». Il répond à nos questions.

« Pouvez-vous nous présenter votre parcours, ce que recouvrent vos fonctions ainsi que votre mission ?

Je suis arrivé il y a dix ans à la Mission « Pays de la Loire –  Métiers d’Art », après un parcours plutôt axé sur le développement local et la valorisation du patrimoine.

La Mission « Pays de la Loire – Métiers d’Art » a été créée il y a 14 ans par une volonté conjointe de la Région des Pays de la Loire et de la Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat (CRMA). C’est le Conseil Régional qui finance notre Mission dans le cadre d’une convention avec la CRMA qui fixe les objectifs et les actions à mener.

Notre rôle est d’appuyer le secteur des métiers d’art, qui comporte rappelons-le, 217 métiers. Il s’agit dans un premier temps de recenser tous les professionnels qui les exercent – dans la région, ils sont aux alentours de 2 000 –, et de leur apporter un certain nombre de services, principalement en matière de promotion à échelle locale, mais aussi régionale, nationale et même internationale !

Notre rôle est de repérer et soutenir les projets structurant pour notre secteur, en lien notamment avec les territoires. Nous sommes attentifs également aux questions de  transmission des savoir-faire. Notre Région compte aussi un certain nombre de formations spécialisées dans nos métiers dont certaines uniques en France.

Pouvez-vous présenter quelques actions conduites dans le secteur des métiers d’art tout au long de l’année ?

Nous avons un certain nombre d’évènements, de salons, de rendez-vous que nous soutenons, notamment ceux qui ont une envergure régionale. Nous avons également un site internet, qui est en cours de refonte complète sous la forme d’une plateforme numérique innovante. Pour soutenir les entreprises, nous proposons aussi des formations dédiées par exemple à la commercialisation ou au numérique, en lien avec nos partenaires comme les Chambres de Métiers ou Ateliers d’Art de France. Nous contribuons aussi à l’émergence de projets autour des métiers d’art en lien avec les territoires.

Quelle importance revêt l’existence d’une manifestation telle que les Journées Européennes des Métiers d’Art, à échelle de la région ?

Les Journées Européennes des Métiers d’Art sont l’évènement dédié du secteur, par excellence : pour une région comme la nôtre, l’intérêt est d’abord d’avoir un grand nombre de visites lors des ouvertures et de valoriser les entreprises.

Des lieux d’accueil de prestige permettent de booster la programmation et de mettre en lumière l’inscription de la manifestation dans les politiques économiques, touristiques et culturelles menées dans les territoires. À titre d’exemple, les Journées Mans’Art  se dérouleront au cœur de la cité historique du Mans ;  le Château de Vaux en Anjou, accueillera un groupe d’une vingtaine de professionnels venant présenter leurs savoir-faire ; en Vendée, des circuits sont mis en place pour faire découvrir les métiers d’art ; Turquant met en valeur son village des métiers d’art avec des ateliers en troglodytiques ; et il y aura aussi la présentation du beau projet Rive d’ARTs aux Ponts-de-Cé, qui revalorise une friche industrielle au profit des métiers de la création… Sans oublier les 150 ateliers qui seront ouverts sur toute la région.

C’est en fait un gros coup de projecteur : l’occasion de mieux connaitre les entreprises, de fédérer toutes les structures qui interviennent dans ce secteur, et de valoriser toutes ces belles initiatives ! C’est vraiment l’occasion de donner de la lisibilité à notre action : pour nous, les Journées Européennes des Métiers d’Art ne sont pas une parenthèse, mais un moment privilégié d’une année au service des métiers d’art. » 

Rencontre avec Christophe Bret : entre fonctionnalité et esthétique

« Je suis ébéniste designer, c’est à dire que je crée et réalise du mobilier en couplant techniques traditionnelles, fonctionnalités et lignes novatrices.

Chaque pièce conçue et produite est soit le fruit d’une demande sur mesure d’un particulier ou d’un architecte, soit la résultante d’un processus créatif visant à inscrire une pièce limitée à quelques exemplaires dans une collection.

Mon travail associe les traditionnels placages de bois précieux aux bois massifs nobles, ainsi que sur certaines créations des matériaux modernes tels que les composites issus de l’industrie de pointe, qui peuvent conférer des caractéristiques mécaniques et esthétiques inimitables.

Je porte une grande attention aux proportions et à la fluidité des lignes, c’est un des piliers de mon travail. Une économie apparente de détails peut à mon sens révéler la juste harmonie entre fonctionnalité et esthétisme, c’est en cela que je m’inscris dans une certaine influence scandinave réchauffée par l’héritage du classicisme à la Française !

Dans l'atelier, Christophe Bret © 2014

Dans l’atelier, Christophe Bret © 2014

Vous avez suivi deux formations : une d’ébéniste à l’école Boulle, puis une de designer en Finlande. Pourquoi ce choix ?

Préalablement diplômé d’un Bac Pro ébénisterie, j’ai alors eu la joie de découvrir que le technicien pouvait ajouter de nouvelles cordes à son arc ! La formation Diplôme des Métiers d’Art à l’école Boulle m’a initié aux fondements du processus créatif appliqué au mobilier. La curiosité et la soif d’affiner mes sensibilités se faisant toujours plus grande, c’est tout naturellement que j’ai décidé de prolonger mes études en Finlande, patrie d’Aalto et autre Wirkkala. Je ressens une certaine familiarité entre mes aspirations et l’ « esprit » finnois. Immergé 8 mois dans ce particulier rapport de l’homme à l’objet, j’ai eu le sentiment de progresser, mon travail actuel en est quotidiennement empreint.

Fauteuils FRAGMENTS, Christophe Bret ©

Fauteuils FRAGMENTS, Christophe Bret ©

Conseilleriez-vous une expérience à l’étranger à de jeunes artisans d’art ?

Oui, je conseillerais à tout artisan d’art une expérience à l’étranger. Etudes, résidences d’artistes, ou simples rencontres professionnelles hors de nos frontières sont autant de contextes qui enrichissent nos visions, nous stimulent, nous rendent humbles, car la curiosité reste à mon sens une forme d’énergie indissociable à la créativité.

Que représentent ces Journées Européennes des Métiers d’Art pour vous, et qu’attendez-vous de l’édition 2014 ?

Cet événement annuel permet de présenter l’envers du décor, de créer un lien avec un public dont la curiosité croissante à l’encontre des métiers d’art est réjouissante et laisse présager un bel avenir à ces particularismes culturels.

À l’heure où la société est en pleine mutation et en recherche de valeurs, les métiers d’art offrent des marqueurs temporels durables, fruits d’un contexte social et d’héritages précieux, c’est une part de notre histoire commune qu’aident à écrire tous ces passionnés de savoir-faire et de poésie !

Il me paraît donc important de participer à ces journées, l’enjeu est précieux ! L’édition 2014 me permettra de faire découvrir mon nouvel atelier, d’y présenter le fruit de mes recherches, expérimentations, ainsi que des pièces de création.

Console BENT, Christophe Bret ©

Console BENT, Christophe Bret ©

Le temps de la création, ou « slow-made », est cette année à l’honneur. Quel regard portez-vous sur cette notion dans votre activité ?

Cette notion différencie industrie et artisanat. Chaque pièce produite artisanalement est un prototype avec ce que cela sous-entend comme réflexions et expérimentations, donc du temps, seul un travail en série limitée peut éventuellement diminuer le coût de cette pièce. Contrairement à cela, un industriel qui développe un nouveau produit, ce qui sous-entend encore une fois prototypage, études…, en répercute le coût sur une production sérielle souvent massive, car il en dispose les outils et là est sa vocation. L’artisan qui plus est d’art, a pour vocation à mon sens de produire du rêve, de faire vivre des techniques ancestrales et de les amener à évoluer, mais aussi d’être un lien entre une époque, son histoire, et les générations futures. Comprendrait-on si bien les civilisations antiques sans traces de leurs poteries ou de leur ferronnerie ?

Mon activité d’ébéniste designer nécessite de longues investigations pour marier fonctionnalité et esthétique harmonieusement, ce temps doit pouvoir être retrouvé économiquement parlant afin de pérenniser l’activité et donner vie à des pièces toujours plus ambitieuses.

Christophe Bret, 2014, DR

Christophe Bret, 2014, DR

Il est donc très important de comprendre qu’on ne peut créer à échelle artisanale donc à échelle humaine sans y consacrer les temps nécessaires, cette notion de « slow-made » synthétise toute les variantes indispensables à la création et j’espère bien que cette édition 2014 des JEMA permettra d’y sensibiliser le public. »

Rémi Paulin revient sur l’engagement de la Fondation du Patrimoine aux côtés des JEMA

« Pouvez-vous nous présenter votre parcours et vos missions au sein de la Fondation du Patrimoine ?

Tout d’abord, la Fondation du Patrimoine est un organisme créé par la loi du 2 juillet 1996 et reconnu d’utilité publique par un décret du 18 avril 1997. Son organisation est nationale, tout en étant présente dans chaque région administrative française (métropole et Outre-mer) et donc dans chaque département. L’action sur le terrain est assurée principalement par du bénévolat (pour idée, on compte environ 500 bénévoles sur tout le territoire), oeuvrant pour la préservation du patrimoine bâti et mobilier, en collaboration avec 70 salariés environ. A la Fondation du Patrimoine depuis plus de 5 ans, je suis l’un des deux chargés de mission régionaux de la Délégation Midi-Pyrénées.

Rémi Paulin, 2014, DR

Rémi Paulin, 2014, DR

La Fondation du Patrimoine a pour but essentiel de contribuer à la sauvegarde, à la restauration et  à la mise en valeur du patrimoine de proximité, prioritairement non-protégé et localisé notamment, et en majorité, en zone rurale. Le patrimoine concerné peut être de différentes typologies : petit patrimoine (pigeonniers, lavoirs, fontaines…), monumental (églises, halles, remparts…), rural (maisons, granges, moulins…)… et recouvrir ainsi plusieurs thématiques : patrimoine religieux, militaire, industriel, naturel…

En conséquence, la Fondation du Patrimoine, grâce aux multiples moyens d’interventions dont elle dispose, peut apporter son concours technique et financier à la réalisation de programmes projetés et concertés de conservation patrimoniale, et soutenir ainsi le maintien et la mise à l’honneur des matériaux et savoir-faire traditionnels, caractéristiques de nos terroirs.

La Fondation du Patrimoine apporte un soutien actif à la manifestation des Journées Européennes des Métiers d’Art : pourquoi ce choix ?

La Fondation du Patrimoine est partenaire de l’INMA au niveau national. En Délégation Régionale Midi-Pyrénées, notre souhait est de logiquement décliner sur notre région cette dynamique de valorisation de toutes les composantes oeuvrant pour la conservation du patrimoine bâti et mobilier ; les JEMA nous permettent tout particulièrement de réaliser cet objectif grâce à la promotion de l’action des métiers d’art qui interviennent dans les processus de conservation – restauration. Pour ce faire, des actions communes auprès du public sont mises en place avec d’autres partenaires : cela peut se décliner par des conférences, des stands d’exposition, des visites de chantiers… Ainsi, sachant que la Fondation du Patrimoine est un partenaire technique et financier de certaines opérations patrimoniales, qui peuvent être publiques (portées par des associations ou des collectivités territoriales), ou privées, l’ouverture au public, pendant les JEMA, de ces chantiers ou sites restaurés permet aux visiteurs d’approcher au plus près le travail des artisans d’art et de mieux appréhender le rôle primordial de leurs interventions en restauration du patrimoine.

Notre Délégation Régionale était déjà présente sur l’édition 2013 d’une des manifestations mises en place – nous avions eu la possibilité de participer à l’évènement régional se déroulant à Saint Lizier (Ariège) où nous avions pu communiquer sur nos missions et les actions réalisées en Midi-Pyrénées.

Pour l’édition 2014, le partenariat s’est poursuivi et intensifié sur notre région, et se traduit par une collaboration resserrée avec tous les collaborateurs régionaux de l’INMA, et une participation à la programmation pour certains lieux. Pour ma part, je travaille en étroite collaboration avec Monsieur Alain Fauré (correspondant régional INMA) et Madame Céline Depond (coordinatrice régionale INMA). Ensemble, nous échangeons sur la promotion de manifestations dans les 8 départements, ou tout du moins essayons de valoriser ceux qui ont fait le choix de s’impliquer fortement. Nos actions sont placées sous l’égide des Chambres Départementales des Métiers et de l’Artisanat qui donnent l’impulsion et organisent les évènements, coordonnées par la Chambre Régionale des Métiers et de l’Artisanat. Le Siège national de la Fondation du Patrimoine, tout particulièrement Madame Katherine El Okbi (Chef de projet Valorisation des Métiers du Patrimoine), guide et conseille également notre Délégation Midi-Pyrénées pour la conduite de ces actions JEMA.

Quelle importance revêt l’existence d’une manifestation telle que les Journées Européennes des Métiers d’Art pour l’artisanat ?

Pour nous, métiers d’art et patrimoine sont intimement liés. Les JEMA ont une importance capitale : la Délégation Régionale Midi-Pyrénées de la Fondation du Patrimoine met un point d’honneur à y participer avec autant d’implication qu’aux Journées Européennes du Patrimoine. Il faut toujours avoir en tête que les métiers de la restauration du patrimoine bâti et mobilier, relèvent pour une grande partie de l’artisanat d’art. À titre d’exemple, sur les éléments patrimoniaux tels que les peintures murales, les retables, les décors sculptés ou encore les vitraux, interviennent des doreurs, des ébénistes, des tailleurs de pierre mais aussi des maîtres verriers, des ferronniers d’art… Les JEMA permettent de concentrer l’attention des publics sur des talents et savoir-faire extrêmement rares, qui ont besoin d’être préservés et encouragés. Ce soutien doit aller jusque dans les aides à leur transmission, sans quoi ils péricliteraient ! À la Fondation du Patrimoine, via notre Siège national, nous nous inscrivons dans cette même volonté, et avons fait le choix de soutenir spécifiquement des actions qui ont trait à la transmission des savoir-faire traditionnels.

La Fondation du Patrimoine est un des précieux acteurs de la sauvegarde du patrimoine : notre volonté est de contribuer à sa conservation tout en le rendant vivant et accessible à tous. Cela passe aussi par la valorisation des professionnels métiers d’art, acteurs indissociables de cette préservation. »