Marie-Florence Dabrin est coordinatrice régionale de La Couveuse des entreprises de Corse, un dispositif régional créé en 2003 qui permet aux porteurs de projets de tester la fiabilité de leur entreprise : elle répond à nos questions.
Marie-Florence Dabrin ©
« Pouvez-vous nous présenter le dispositif de la Couveuse et votre rôle au sein de ce dernier ?
Le dispositif de couveuse d’entreprises à l’essai est né en Corse en 2003, fruit de l’observation et de l’expérimentation locale, aux cotés des dispositifs traditionnels d’accompagnement à la création d’entreprise qui permettent une préparation technique, commerciale et financière des projets, mais n’offre pas de réponse spécifique aux futurs créateurs d’entreprises dans leurs besoins de préparation et de formation au métier de chef d’entreprise.
Il manquait en quelque sorte une « phase intermédiaire » permettant à tout candidat à la création d’entreprise de tester son activité in situ pour se familiariser avec la réalité du statut d’entrepreneur, se confronter à la réalité économique et financière de l’entrepreneuriat, mesurer ses propres aptitudes pour devenir chef d’entreprise et surtout leur laisser du temps pour produire avant de se lancer.
Les couveuses accompagnent les entrepreneurs pour répondre aux mieux à leurs besoins en leur permettant de :
– Tester le projet grandeur réelle afin d’en vérifier la faisabilité et la viabilité économique,
– Apprendre à entreprendre pour développer ses capacités entrepreneuriales.
Tester son activité en couveuse permet donc de valider son projet de création d’activité en toute sécurité.
Les couveuses mettent donc en œuvre des méthodes, des outils, une pédagogie, un coaching individuel et collectif pour :
– Garantir un niveau de chiffre d’affaires à la création,
– Acquérir de l’autonomie en matière de gestion d’entreprises, de prise de décisions… etc.
– Créer et développer un réseau professionnel
Quelles sont les possibilités offertes par La couveuse pour les entreprises d’artisanat d’art ?
Les artisans d’art et plus généralement les professionnels des métiers d’arts engagés dans des réflexions liées à la création d’entreprise présentent des caractéristiques particulières : une implication personnelle forte qui nécessite une écoute, primordiale dans ces phases amont du montage de projet, une dimension technologique des projets qui requiert un effort important d’évaluation, et une dimension économique souvent délaissée, à introduire progressivement. Ces particularités nécessitent notamment des modalités d’approches et de diagnostics de projets plus approfondis.
Dans ce cadre, les réponses apportées par la couveuse sont liées à la qualité de l’accompagnement qui permet une prise en compte plus importante des aspects humains dans l’aide au montage de projet. Elle devient alors un outil idéal pour l’apprentissage progressif de tous les aspects liés à l’organisation et à la gestion de l’activité ainsi que pour confronter une production souvent inédite aux réalités du marché.
Pouvez-vous nous présenter quelques actions portées tout au long de l’année auprès des professionnels des métiers d’art ?
Pour compléter ces services habituels offerts par la couveuse et face aux besoins exprimés des artisans d’art quant à la mise en réseau au sein de leur filière et d’appui dans leur circuit de diffusion, des réponses adaptées sont mises en place comme la création d’un espace dédié aux créateurs sur le site internet de la structure, l’organisation de rencontres professionnelles avec des acteurs du secteur (ex : gérant d’une galerie, responsable d’un syndicat…), la mise en place d’ateliers thématiques (ex : mécénat culturel, financement dédié aux métiers de la création, propriété intellectuelle…), temps d’échanges entre entrepreneurs à l’essai.
Mais aussi, en lien avec notre union nationale, la mise en ligne des créateurs sur un espace dédié du site marchand DAWANDA, des actions de tutorat dans le cadre de conventions de parrainage, l’organisation d’événements spécifiques, la possibilité de participer de façon mutualisée et gratuite aux foires régionales artisanales et agricoles régionales de corse, aux marchés de créateurs… etc. D’une manière générale nous essayons de mettre en œuvre toute action qui permette une meilleure immersion du créateur face aux réalités professionnelles de son secteur, une rupture de l’isolement propre à des activités qui s’exercent souvent en solo, une optimisation du développement économique de l’activité qui passe souvent par des circuits complexes.
Quelle importance revêt à vos yeux l’existence d’une manifestation telle que les Journées européennes des métiers d’art à échelle de la région ?
Synonyme d’excellence, d’art de vivre et d’innovation, les métiers d’art sont au cœur du patrimoine insulaire. Or, ces journées organisées régionalement revêtent l’objectif de transmettre des savoir-faire, le gout pour l’art et la tradition. Elles sont l’occasion de faire découvrir au grand public et notamment aux plus jeunes, un secteur animé par des professionnels de talent qui font évoluer avec passion ces métiers méconnus parfois même oubliés et, de faire revivre ces métiers patrimoniaux, de les rendre attractifs et ce, dans un cadre ludique mêlant expositions, rencontres et démonstrations. L’ouverture des ateliers, notamment dans les zones rurales, devrait permettre de concentrer l’attention du public sur des savoirs faire qui ont besoin d’être préservés, voire encouragés. Cela est encore plus vrai dans notre région, ou toute initiative qui permet de valoriser une économie patrimoniale et identitaire peut être porteuse d’une autre forme d’économie plus sociale et solidaire. »